Archives
de 1949 à 1972
40
ans après leurs
créations.
Lorsque
Suzanne Bodak montre les archives filmées de
Malkovsky dansant, elle s'excuse toujours un peu :
la qualité des images n'est pas toujours
excellente, la musique a été
post-sonorisée...
Certes. Mais est-ce vraiment un problème
?
La
trace du temps apporte une valeur
particulière à ces documents. Chacune
de leurs défectuosités les rend
d'autant plus précieux : le «goût
de l'archive », si bien nommé par
Arlette Farge, nous saisit.
Cependant,
plonger dans un temps qui n'est pas le nôtre
demande aussi un effort. Notre regard n'est pas
encore assez outillé pour dépasser la
sensation d'étrangeté
provoquée par ces images. On s'amuse d'abord
à remarquer un chat qui passe sur le
plateau, à voir « Malko »
grommeler quelques paroles inaudibles lorsqu'il
danse, ou à noter l'incongruité de sa
tunique d'inspiration grecque... Petit à
petit, notre regard s'aiguise et l'on se rend
compte que ce corps, pourtant âgé, est
d'une finesse incroyable, que la danse fait
apparaître une pureté des lignes que
l'on avait confondue au premier abord avec une
extrême simplicité
chorégraphique.
En
regardant avec patience, on devient capable de
tisser des liens entre les différentes
séquences filmées : retrouver les
coordinations travaillées d'abord par des
exercices élémentaires, puis
développées dans d'autres mouvements,
et enfin présentées dans les
danses.
C'est
donc à un cheminement que nous invite ce DVD
: il nous propose d'aiguiser progressivement notre
regard, pour saisir, sous la simplicité
apparente, la richesse d'une esthétique trop
méconnue.
Laetitia
Doat
Chercheuse
en danse
Université
Paris VIII
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